« La France, souvent je me dis, je ne pourrai jamais la revoir ! Mais il y a des fois, j'aimerais bien la revoir… » Par cet aveu plein d'émotion, au détour d'une phrase, Renée Villancher confie son désir intime de retourner un jour sur sa terre natale… Septuagénaire française, Renée Villancher vit bloquée en Russie depuis 57 ans. A l'instar de milliers de Français d'origine russe ou mariés à des Russes, elle est partie en URSS après la Seconde Guerre mondiale, répondant à l'appel de Staline. Son témoignage vient briser le lourd silence qui a pesé sur sa vie, une vie de malheurs et d'horreurs. Sans père dès l'âge de deux ans, Renée subit des conditions de vie précaires, jusqu'à sa rencontre, sous l'Occupation, avec un jeune Russe, lui aussi ballotté au gré des combats et des alliances politiques : « Il était beau, gentil et je ne connaissais rien des hommes. En 1945, je me suis retrouvée enceinte. Lui devait retourner en Union soviétique. Je l'aimais et je l'ai suivi » Un long voyage qui s'avère être un aller simple et au lieu du bonheur attendu, elle se voit subitement privée de ses papiers français, soviétisée de force et comprend soudain « la très grande faute » qu'elle a commise en quittant son pays. Trop tard… Le rideau de fer s'était brutalement refermé derrière elle. Ce récit poignant retrace le terrible parcours d'une femme, d'une mère, victime de l'amour et de l'histoire avec un grand "H", abandonnée par la France, réduite à la plus grande solitude. Entre désespoir et fatalisme, Renée Villancher a appris à survivre dans la jungle soviétique, et nous raconte aujourd'hui sa vie, simplement, depuis ses démêlés conjugaux jusqu'aux ravages de la vodka dans les campagnes russes. Seul un surnom la rattache au pays tant aimé, la France, quitté depuis 57 ans, car dans son village de Solntsevo, au milieu de l'immensité des steppes russes, Renée reste et restera toujours « Renée la Française ».