« Je m'appelle François Berléand, j'ai presque onze ans, je ne prends pas la parole sans y avoir été invité par un adulte, je mange de tout, mais je n'ai pas une grande passion pour les carottes râpées, les endives et les épinards. Je ne pose pas spécialement de problèmes. Dans ma chambre j'ai un piano, une radio, un bureau et une grande armoire en teck. Et je suis le fils de l'homme invisible. »
Un soir d'hiver, dans la famille Berléand, le père de François, qui a sans doute abusé de la vodka, déclare à son fils : « De toute façon, toi, tu es le fils de l'homme invisible. » Cela ne fait rire personne autour de la table, et personne ne vient démentir le père de François. C'est le début d'une singulière et terrible histoire d'enfance et d'adolescence, chahutée tout d'abord, puis brisée peu à peu par ce faux secret qui n'est qu'une mauvaise blague. Au début, c'est très amusant d'être le fils de l'homme invisible, mais, dès lors qu'on se met à y croire, cela peut devenir angoissant, poignant, tragique. Ainsi les années de lycée du petit François se déroulent-elles dans ce climat tragi-comique où, inexorablement, la peur de l'enfant s'installe : il est différent des autres, sûrement pas très normal, peut-être mongolien. Ses parents le lui ont toujours caché pour ne pas lui faire de la peine.
Voilà des années que, d'interview en interview, François Berléand raconte sa drôle d'histoire. Il aura attendu le temps et le recul nécessaires pour l'écrire enfin.