« Je n’aurais jamais imaginé un destin aussi ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés le courage et l’instinct de la mort, l’intense volupté d’être et la douleur, la révolte et le détachement. J’ai découvert un homme qui avait vécu à l’encontre de la haine, aimé au milieu de la pire sauvagerie, un soldat qui avait su pardonner mais n’avait rien oublié. Son combat rendait leur vraie densité aux mots qu’on n’osait plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur… J’ai appris aussi à quel point, dans le monde d’aujourd’hui, cette voix française pouvait être censurée, étouffée. Ce livre n’a d’autre but que d’aider la parole du lieutenant Schreiber à vaincre l’oubli. » A.M.
Andreï Makine rend hommage à Jean-Claude Servan-Schreiber, combattant et résistant méconnu. Et déplore que la France ne soit pas à la hauteur de ses héros...
Mais de quel Schreiber s'agit-il? ? Au sein de l'illustre famille Servan-Schreiber, Jean-Jacques reste celui qui a marqué les esprits et effacé les autres. Mais que savons-nous de son cousin Jean-Claude? ? Rien, et c'est ce mur d'ignorance qu'Andreï Makine a voulu abattre. Jean-Claude était lieutenant dans le 4e régiment de cuirassiers. Courageusement engagé dans les combats les plus âpres? : Belgique, Flandres, Dunkerque. Le vieil homme a déjà 92 ans lorsqu'il évoque sa guerre. Parfois, les noms de ses camarades morts sur le champ de bataille lui échappent. Il en a vu tomber tellement. Le lieutenant Schreiber se souvient bien, en revanche, de cette journée d'avril?1941 au cours de laquelle il reçoit une décoration pour actes de bravoure en même temps que son avis d'exclusion de l'armée parce qu'il est juif... Le livre de Makine blesse. Il blesse parce qu'il vise juste. Parce que c'est un drapeau en berne qu'il hisse. (Valérie Trierweiler - Paris-Match, janvier 2014)
Il est sans doute arrivé à Makine ce qui arrive à beaucoup d'entre nous. Qui, en effet, rencontrant une très vieille personne et se faisant raconter son existence, n'a jamais été tenté de la pousser à «écrire ses mémoires»? ? Nous sommes tous frappés, alors, de l'incroyable réserve d'humanité, de courage, de beauté, de force, de vaillance que recèlent ces expériences qui vont bientôt disparaître. Nous avons souvent l'impression que nous sommes face à des destins exceptionnels, inédits, admirables et que le monde entier devrait se les entendre narrer. Las? ! Il y a sans doute trop de destins derrière nous. Nous ne pouvons pas tous les répertorier, les engranger. Cette incapacité n'est pas négligente elle est une frustrante impossibilité. Il faudrait des Makine pour tous ceux qui nous ont précédés. (Bruno Frappat - La Croix, 22 janvier 2014)
Ce livre qui sonne comme un écho loyal et révérencieux à "la vie d'un homme inconnu", n'a d'autre but que d'aider la parole du lieutenant Schreiber à vaincre l'oubli". Plus qu'un hommage, c'est une nouvelle édition commentée de ses mémoires, une seconde chance, comme une prière. Puisse Makine, Prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour Le testament français en 1995, auteur de vingt livres traduits dans plus de quarante langues, arracher l'histoire et le pays du lieutenant Schreiber au silence et à l'amnésie. (Marine de Tilly - Le Point, 23 janvier 2014)
Ecrivain français, Andreï Makine , né en Sibérie en 1957, a publié de nombreux romans parmi lesquels Le Testament français (Prix Goncourt, Prix Goncourt des Lycéens, Prix Médicis, 1995), La musique d’une vie (Prix RTL-Lire, 2001), L’amour humain (2006), La vie d’un homme inconnu (2009), Une femme aimée (Prix Casanova, 2013). Ses livres sont traduits en plus de quarante langues.
Il est membre depuis 2016 de l'Académie française.