Lambeaux marque un tournant essentiel dans l'écriture de Charles Juliet. Il le libère et le fera ensuite passer de la poésie et des journaux à la fiction. L'auteur y vide pour la première fois sa mémoire, dénoue le noeud de son malaise et l'origine de son écriture : la mort de sa mère alors qu'il n'a que quelques mois.
La deuxième partie dit l'autre mère. Celle qui l'a recueilli. La " toute-donnée " qui ne se plaint pas et parle peu. Charles Juliet lui prête également ses mots. Il fouille, met à jour la pensée de cette femme, ce " chef-d'oeuvre d'humanité " qui l'a sauvé de la folie ou du suicide.
Derrière ce double portrait, Charles Juliet relate aussi la lente gestation de son être, par-delà les peurs, les blessures, les aridités. Par-delà la culpabilité. Jusqu'à cet instant où le brouillard se dissipe, où une force tranquille s'installe et lui permet à nouveau d'adhérer à la vie.
C'est ecrit de façon si simple et si pure, comme une evidence. Texte d'une grande sensibilité.